Sur les ruines de l’Europe, à l’heure de la bombe atomique et des camps, Albert Camus fut de ceux qui, sans relâche, élevèrent la voix contre les abominations morales de son temps. Il utilisa tous ses talents – journalisme, essai, discours, roman, théâtre – pour ne jamais céder au désespoir du nihilisme triomphant et dessiner les contours d’un avenir fraternel.
Youness Bousenna retrace l’itinéraire de cette pensée en restituant la profondeur d’un homme trop souvent dévalué en « philosophe pour classe de terminale » et dont l’éclat du style détourne parfois des idées qu’il porte. Car c’est dans le berceau solaire de la mer Méditerranée que son destin, des quartiers pauvres d’Alger au prix Nobel de littérature, s’est forgé. Puisant aux sources de cette nature généreuse et de la sagesse des vieux Grecs, Camus a proposé plus qu’une simple résistance. Dans un XXe siècle qui transforma la politique en religion et les individus en esclaves de la technique, il répondit à cette folie par la pensée la plus subversive qui ait pu être : préserver en chaque homme l’essentiel, c’est-à-dire sa part d’éternité.
Youness Bousenna est journaliste et rédacteur en chef de la revue Philitt, semestriel consacré à la philosophie et à la littérature.
10 euros, 128 pages